14-02-2018
Quand la peur des OGM bloque une avancée majeure pour l’agriculture
Pas de doute, le changement climatique a pour conséquence une hausse de température à moyen et long terme mais surtout engendre une multiplication des aléas climatiques à court terme. Ainsi, toutes les régions agricoles sont affectées par des périodes de sécheresse ou d’inondation et des phases de froid ou de chaleur inhabituelle.
L’utilisation de l’eau devient donc un enjeu majeur, surtout pour les cultures qui en dépendent très fortement comme le riz. Il y a 120 millions de cultivateurs sur la planète qui produisent le riz que mangent 3,5 milliards de personnes dans le monde. Nourriture de base de population plutôt pauvre et en forte croissance, il faudrait augmenter la production de 25 à 30% dans les 30 années à venir.
Face à cet enjeu majeur sociétal et économique, quelle est la solution ?
La réponse : chercher des variétés productives et saines qui supportent les phases de sécheresse et qui sont adaptées aux pays de production. Des centres internationaux de recherche sur le riz comme l’IRRI aux Philippines, le CIAT en Colombie ou encore le JJRCAS au Japon y travaille. Ils ont identifié un certain nombre de facteurs qui régulent cette adaptation complexe.
Une équipe japonaise du centre de recherche RIKEN, en association avec les centres internationaux, se sont spécialisés sur des molécules qui jouent sur l’osmose des cellules. Ils ont ainsi montré que la galactinol synthétase est une enzyme qui a la propriété de produire des sucres spécifiques -galactinol- et de retenir l’eau dans les cellules. La phase suivante a consisté à identifier le gène de l’enzyme chez la plante modèle Arabidopsis thaliana. Puis les chercheurs ont transformé des variétés de riz pour surexprimer le gène pour augmenter la production de l’enzyme. Les résultats prometteurs en laboratoire puis en serre les ont conduits à les tester au champ pendant trois ans dans des environnements différents. Les lignées transgéniques ont, non seulement toléré la sécheresse, mais ont montré des rendements supérieurs, une biomasse et une fertilité accrues.
Ce riz tolérant à la sécheresse sera-t-il bientôt sur le marché ?
Sur le sujet, les chercheurs sont moins positifs. Comme dans de nombreux pays, l’acceptabilité des OGM et leur réglementation rendent difficile leur mise sur le marché au Japon. Les chercheurs recherchent de nouvelles collaborations et de nouveaux outils pour obtenir le même résultat mais en version « non OGM »… « Cela pourra prendre 5 à 10 ans pour atteindre notre objectif, mais nous devons continuer à avancer car les sécheresses et le changement climatique seront pires dans le futur » indique un des chercheurs.